Après avoir distribué un examen à ses étudiants d’université, Albert Einstein entends ses élèves chuchoter de plus en plus fort et il leur demande ce qui se passe. L’un deux explique ; ‘’Monsieur Einstein, on constate que vous nous avez remis le même examen que l’an dernier. C’est exactement la même copie ! Sauf votre respect, on se dit qu’il doit y avoir erreur de votre part.’’ Einstein de répondre ; ‘’Vous avez raison. Les questions de cet examen sont les mêmes que celles de l’an dernier. Par contre, les réponses sont différentes…’’ En temps de pandémie, où tout nous exhorte ‘à se réinventer’ l’histoire des étudiants d’Einstein n’en est que plus pertinente.

Depuis la nuit des temps, nous nous sommes essentiellement posé les mêmes questions : comment améliorer nos conditions de vie ? Comment rendre les choses plus faciles ? Comment faire ce qu’on ne sait pas faire? Les progrès de l’humanité sont fondés sur des réponses toujours nouvelles à ces mêmes questions. Innover est donc vieux comme le monde.

La pandémie a peut-être accéléré le besoin, mais l’innovation est plus que jamais au cœur du développement et de la croissance de nos entreprises. Chez 3M par exemple, 30% des ventes doivent venir de produits qui n’ont pas plus de 4 ans d’âge. Ceci explique en partie pourquoi cette entreprise est une référence mondiale en matière d’innovation. Mais si les entreprises disent dépendre de l’innovation pour survivre, elles sont nombreuses à n’apporter que des améliorations à des produits existants plutôt que de créer de réelles percées. Et vu la rapidité du changement dans la situation actuelle, il s’agit là d’une recette pour le déclin, pas pour la croissance.

Alors, s’il est nécessaire d’innover, pourquoi est-il si difficile de créer des méthodes, des produits ou des services réellement nouveaux ? Il y a deux raisons principales, toutes deux ancrées dans la culture de nos entreprises. Tout d’abord, qu’on l’admette ou non, la plupart de nos dirigeants sont fortement conditionnés à se concentrer sur le court terme, car même si de nouveaux produits ou services sont essentiels à la croissance, il faut bien demeurer en vie aujourd’hui pour être là demain ! En apportant des améliorations aux produits et services existants, les ventes restent stimulées, les clients sont heureux et le cas échéant, les actionnaires aussi. Mais on ne peut parler d’innovation quand on ne fait que modifier un peu un produit existant.

L’autre raison est que nous ne sommes pas encouragés à penser autrement. Nous avons tous entendus mille fois ces phrases qui tuent les idées nouvelles ; ‘’on ne peut pas faire ça, on a déjà essayé, ça ne marchera jamais, on a pas les budgets, propose ça si tu veux perdre ta job, etc …’’
Chez 3M, les managers disent qu’il est préférable de demander l’absolution que de demander la permission. Mais la plupart d’entre nous sommes plutôt guidés par la peur des conséquences que par la tentation d’oser. Demandez un ou une volontaire dans une salle de 500 adultes. Personne ne bouge sans y être exhorté. Mais faites le même exercice avec une salle remplie d’enfants et ils veulent tous participer !

Que nous arrive-t-il entre l’âge de 7 ans et l’âge de 27 ans ? Nous apprenons que quand nous osons, quand nous prenons une chance, il arrive qu’on se trompe. Et quand on se trompe et que c’est vu par d’autres, nous pouvons éprouver un sentiment d’échec ou de honte désagréable. Nous évitons ensuite de nous retrouver dans des situations qui pourraient recréer ce sentiment.

Nous nous construisons donc des vies où nous essayons de faire disparaître le risque, l’incertitude et l’inconfort. Nous évitons les situations où nous pourrions faire des erreurs et être pris en défaut. Mais comment innover sans oser ? Comment inventer sans faire face à l’échec ? C’est ce conditionnement humain qu’il faut combattre si nous voulons voir de véritables innovations dans nos organisations. Ensuite, il faut bien sûr des processus, des systèmes et des structures pour les soutenir, mais c’est ce désir primaire d’oser qu’il nous faut retrouver. Vous avez sans doute remarqué qu’il n’est pas nécessaire de l’enseigner aux enfants ; c’est inné.

Marcel Proust disait que le vrai voyage de découverte consistait non pas à trouver de nouvelles terres, mais à voir avec un œil nouveau. Vous souhaitez créer de vraies percées dans votre organisation, dans vos produits ou dans vos services ? Je vous invite à oser, à prendre des chances, à tester, à aller voir ailleurs, à explorer, à poser les questions que personne ne pose, à proposer, à dessiner, à imaginer, à rêver !  Allez-y ! Retrouvez vos 7 ans !

Ce que l’on tente à tout prix d’éviter dans nos organisations – le chaos, l’incertitude, le changement – sont de grands vecteurs d’innovations et de créativité. Embrassez-les !

– 30 –

Auteur: Jocelyn Pinet, cofondateur de Vision d’Or